Que se passe-t-il dans notre corps lorsque nous consommons une drogue?
De manière générale, la consommation d'une substance psychoactive (drogue) entraîne un effet de « high » suivi d'un effet de « down », même si toutes les substances ne produisent pas nécessairement un effet stimulant. Cela signifie que l'on ressent d'abord les effets agréables de la substance, avant que le corps ne traverse une phase de récupération.
La durée et l'intensité des effets ressentis lors de la consommation dépendent de plusieurs facteurs : ceux propres à la personne (comme sa tolérance aux drogues), ceux liés à la substance (tels que la quantité consommée ou la manière dont elle est administrée), ainsi que le contexte de la consommation (le lieu et les personnes présentes).
Mais plus précisément, pourquoi les drogues parviennent-elles à modifier nos perceptions?
Pour répondre à cette question, il faut d'abord comprendre que, pour fonctionner normalement, le corps produit une multitude de molécules lui permettant de réguler ses différentes fonctions biologiques. Dans le cas du système nerveux, qui contrôle les organes vitaux, les mouvements du corps, les perceptions sensorielles et certaines fonctions cérébrales, ces molécules sont appelées neurotransmetteurs.
Lorsqu'une substance psychoactive est consommée, elle modifie temporairement la quantité de neurotransmetteurs dans le cerveau. Ces changements perturbent le fonctionnement habituel du corps, ce qui peut provoquer, par exemple, la sensation de « high » (euphorie ou bien-être).
Lorsque la production de neurotransmetteurs est débalancée, le cerveau va chercher à retrouver un équilibre. Ainsi, si un neurotransmetteur est produit en trop grande quantité en raison d'une consommation de substances, le cerveau réduit la production naturelle de cette molécule pour compenser.
Lorsque l'effet de la substance cesse, le cerveau ne revient pas immédiatement à sa production normale, ce qui en entraîne une phase de récupération. Pendant cette phase, la production de neurotransmetteurs est généralement inférieure à la normale, ce qui peut, selon la substance consommée, provoquer de la fatigue, de l'irritabilité ou de la déprime.
Quels sont les types de neurotransmetteurs?
Il existe de nombreux neurotransmetteurs différents dans le corps humain, mais certains sont plus susceptibles d'être influencés par la consommation de substances psychoactives. En voici quelques-uns!
La dopamine
La dopamine, également appelée « hormone du bonheur », est le neurotransmetteur produit lorsque nous ressentons du plaisir dans des activités gratifiantes comme manger, jouer, ou réussir une tâche. Associée au cycle de la motivation et de la récompense, la dopamine induit un état psychologique de satisfaction, mais joue également un rôle dans la régulation de l'humeur, de la coordination des mouvements et de certaines capacités cérébrales comme la mémoire, l'attention et la résolution des problèmes.
Certaines substances augmentent directement le taux de dopamine dans le cerveau, mais le taux de dopamine peut également être augmenté indirectement par la sensation de gratification associée à la consommation. La dopamine est d'ailleurs la principale molécule impliquée dans le processus de dépendance aux drogues, car elle induit une association entre la consommation et une récompense (le bien-être ressenti par l'augmentation de dopamine) ainsi qu'une sensation de manque lorsque l'effet de la substance s'estompe.
La noradrénaline
La noradrénaline a pour fonction principale d'activer le corps. Elle joue un rôle clé dans la concentration, dans la vigilance et dans les réponses au stress. Nous produisons naturellement de la noradrénaline lorsque nous nous réveillons le matin ou lorsque nous cherchons à activer notre corps avec une activité physique.
La production de noradrénaline peut également être artificiellement augmentée par la consommation de substances stimulantes, comme la nicotine (cigarette, cigarette électronique et chicha), le café, les boissons énergisantes, la cocaïne, ou d'autres substances de la famille des amphétamines.
L'endorphine
Ce neurotransmetteur permet la détente, le soulagement des douleurs et provoque une sensation de bien-être. L'endorphine est naturellement produite en réponse à une blessure ou à une tension physique, par exemple après une séance d'exercice ou lorsque nous cherchons à nous détendre par la méditation ou le sommeil.
Le taux d'endorphine peut être artificiellement augmenté par certaines substances de la catégorie des dépresseurs comme les opioïdes. Ces substances sont d'ailleurs utilisées dans le domaine de la santé pour soulager certaines douleurs chroniques ou aiguës.
La sérotonine
La sérotonine est un neurotransmetteur qui possède un rôle central dans la régulation de l'humeur, des comportements prosociaux, comme l'empathie, et dans la régulation de l'agressivité et de l'impulsivité. La sérotonine est naturellement produite par les bains de lumière, par les contacts physiques comme les câlins et par certains aliments contenant de la vitamine B6 ou du magnésium (volailles, bananes, pois chiches, poulet, etc.).
Le taux de sérotonine peut être artificiellement augmenté par la consommation de substances telles que la MDMA, le LSD et le cannabis. En hiver, la réduction des périodes d'exposition au soleil entraîne une baisse naturelle de la sérotonine, ce qui peut provoquer des symptômes dépressifs ou anxieux caractéristiques de cette saison.
Le GABA (acide gamma-aminobutyrique)
Le neurotransmetteur GABA possède également des fonctions de détente et de relaxation sur le corps et l'esprit. Plus précisément, il ralentit la vitesse de transmission des influx nerveux, aidant ainsi à prévenir une surexcitation des neurones. Cela contribue à réduire les états d'anxiété et à favoriser un état de calme et de sérénité.
Le GABA est naturellement produit lors d'activités de relaxation et peut être artificiellement stimulé par la consommation de substances telles que l'alcool, les benzodiazépines ainsi que le GHB/GBL.
En conclusion
Il est important de souligner que le mot « drogues » est un terme parapluie qui ne se limite pas aux substances psychoactives (celles ayant un effet sur le système nerveux), mais englobe également des substances ayant un impact sur d'autres systèmes du corps humain. Par exemple, les stéroïdes anabolisants, aussi appelés « drogues de performance » dans le milieu du sport, agissent sur le taux de testostérone : une hormone produite par les glandes surrénales et les testicules appartenant au système endocrinien et qui joue un rôle essentiel dans le développement de la masse musculaire.
Le fonctionnement du corps humain est complexe et cet article visait à expliquer et simplifier les principaux mécanismes de la consommation de substances psychoactives sur le cerveau et le corps humain. D'autres éléments auraient pu être ajoutés à cet article, comme le rôle des récepteurs synaptiques dans la régulation des taux de neurotransmetteurs dans le corps. En effet, la quantité de neurotransmetteurs dans le corps peut être influencée par une augmentation ou une diminution de l'activité des récepteurs synaptiques, qui captent et transmettent les neurotransmetteurs entre les neurones. Il aurait également été possible de diviser le fonctionnement du système nerveux selon ces trois sous-systèmes : central, périphérique et autonome. Toutefois, compte tenu de la complexité de ces sujets, ceux-ci pourraient être abordés séparément et faire l’objet d’autres articles.
Références
Léonard, L. et Ben Amar, M. (2002). Chapitre 2 : Anatomie et physiologie du système nerveux. Dans : Les Psychotropes : pharmacologie et toxicomanie. Sous la direction de Léonard, L. et Ben Amar, M. Les Presses de l'Université de Montréal, 19-52.
Salomon, L. (2010). Cerveau, drogues et dépendances. Belin.
Thomasson, N. (2001). Addiction et cerveau : rôle des neurotransmetteurs dans la cause et le traitement des dépendances. Neurophychiatrie : Tendances et Débats, 14, 45-48.