Il est possible de classifier les drogues (substances psychoactives) selon plusieurs critères. Elles peuvent être classées selon le type d'usage (récréatif ou thérapeutique), selon leur statut vis-à-vis des lois (légal ou illicite), selon qu'elles aient été transformées ou non (naturelles ou de synthèse) et finalement selon leurs propriétés chimiques, c’est-à-dire selon le type d’effets qu'elles ont sur le corps humain.
Cet article propose un survol de cette dernière classification, c'est-à-dire une distinction des substances en fonction de leurs effets sur le corps et le cerveau. Ainsi, il est possible de distinguer trois grandes catégories de substances psychoactives à savoir les dépresseurs, les stimulants et les perturbateurs.
Les dépresseurs
Exemples de dépresseurs
L’alcool, le GHB/GBL, le Xanax, le Valium et les opioïdes comme le fentanyl, la morphine, l’héroïne ou la codéine sont des exemples de dépresseurs du système nerveux central.
Les effets des dépresseurs
Les dépresseurs, comme leur nom l’indique, ont pour effet de « décompresser » le corps humain. Ils agissent principalement en ralentissant les fonctions du corps et la perception de nos cinq sens. Ainsi, leur consommation peut entraîner de la somnolence, un sentiment d’ivresse, une désinhibition (réduction de la gêne) et une baisse des réflexes, de la température corporelle, du rythme cardiaque et de la respiration.
Les effets des dépresseurs lorsque consommés en trop grande quantité
Lorsque consommés en trop grande quantité, les dépresseurs peuvent entraîner des conséquences graves, incluant la mort par arrêt respiratoire. Ce phénomène survient lorsque les différentes parties du cerveau s’occupant de la régulation de certaines fonctions vitales telles que la respiration, le rythme cardiaque et la température corporelle commencent à décliner. Dans le cas d’une surdose d’alcool, les symptômes peuvent être de la confusion, de la difficulté à respirer et des vomissements. Dans le cas d’une surdose aux opioïdes (par ex. : le fentanyl, l’héroïne et la morphine), peuvent s’ajouter à ces derniers symptômes des agitations, un changement de la couleur des lèvres et des ongles, qui deviennent bleus ou mauves, de la rigidité musculaire et des pupilles dilatés (mydriase).
La naloxone
Si vous êtes témoin d’une surdose, il est crucial d’appeler immédiatement les secours. S’il s’agit d’une surdose aux opioïdes, l’administration de naloxone à la personne en surdose peut être capitale afin de faire gagner du temps avant l’arrivée des paramédicaux (ambulancier-ères). En effet, la naloxone est un médicament permettant de renverser temporairement les effets de la surdose. Il est possible de s’en procurer gratuitement dans les pharmacies ainsi qu’auprès de certains organismes communautaires.
Les stimulants
Exemples de stimulants
La nicotine (cigarette, cigarette électronique/vapoteuse, chicha), la caféine (café, thé, boissons énergisantes), les médicaments prescrit pour le TDAH (Ritalin, Concerta, Biphentin, Vyvanse…), la cocaïne, le crystal meth et le crack sont des exemples de stimulants du système nerveux central.
Les effets des stimulants
Les stimulants ont une fonction inverse à celle des dépresseurs , car ils stimulent les activités cérébrales et accélèrent le fonctionnement global du corps. Leur consommation entraîne une sensation d’énergie, une vivacité d’esprit, de l’euphorie, une accélération du rythme cardiaque et de la respiration et supprime la sensation de faim. Ces substances sont couramment utilisées pour améliorer la performance ou la productivité (comme le traditionnel café du matin par exemple). Cependant, il est important de se rappeler que l’énergie fournie par les stimulants est temporaire et qu’elle est suivie d’une baisse d’énergie et de fatigue.
Les effets des stimulants lorsque consommés en trop grande quantité
Lorsqu’ils sont consommés en grande quantité, les stimulants peuvent causer des convulsions, des palpitations et des douleurs cardiaques, des hallucinations et de la paranoïa. De plus, les stimulants que l’on trouve dans la rue (comme la cocaïne, le crystal meth, le crack, etc.) peuvent être mélangés avec un dépresseur comme le fentanyl, pour lesquels, une toute petite dose suffit pour provoquer une surdose aux opioïdes.
Les perturbateurs (hallucinogènes ou psychédéliques)
Exemples de perturbateurs
Le cannabis, la MDMA/ecstasy, le LSD, les champignons magiques, la DMT et la kétamine sont des exemples de perturbateurs du système nerveux central.
Les effets des perturbateurs
Les perturbateurs ont pour effet de troubler la perception de la réalité, les sens (le toucher, la vue, l’odorat, le goût et l’ouïe), l’humeur et les processus cognitifs. Ces substances peuvent provoquer des distorsions de la réalité, parfois même des hallucinations, ainsi qu’une euphorie (fous rires) et une amplification de certains traits sociaux tels que l’empathie et le désir de se rapprocher des autres.
Les effets des perturbateurs lorsque consommés en trop grande quantité
Consommés en trop grande quantité, les perturbateurs peuvent déclencher de l’anxiété, de la paranoïa et des épisodes de psychose (idées délirantes et perte de contact avec la réalité). Certains perturbateurs, notamment ceux qui libèrent une grande quantité de sérotonine comme la MDMA/ecstasy, peuvent, s’ils sont consommés en trop grande quantité ou de manière répétée sur de courtes périodes, provoquer un syndrome sérotoninergique. Ce syndrome peut avoir des effets à long terme sur l’état psychologique, les muscles et le système nerveux, et même, dans des cas extrêmes, entraîner la mort.
En conclusion
La loi de l'effet (E = SIC)
Ceci termine ce survol des trois grandes catégories de substances psychoactives, de leurs effets et des risques associés en cas de consommation excessive. Il est important de noter que les effets d’une substance varient selon le principe de la loi de l’effet (E = SIC) : l’effet d'une substance (E) dépend toujours de la substance consommée (S), de l’individu qui la consomme (I) et du contexte dans lequel il se trouve (C). En d'autres termes, l’effet d'une substance est influencé par de multiples variables autres que la substance elle-même. Ainsi, la quantité consommée, la pureté de la substance, le mode de consommation (fumé, ingéré, injecté), la tolérance de l'individu, son état d'esprit avant la consommation (triste, fatigué, anxieux), le lieu et les personnes présentes lors de la consommation sont tous des facteurs qui peuvent influencer les effets ressentis.
Les mélanges
Le mélange de plusieurs substances lors d’une polyconsommation peut avoir des effets imprévisibles. Les effets de la seconde substance peuvent amplifier ou camoufler les effets des autres substances précédemment consommées. Par exemple, le cannabis, et autres perturbateurs, peuvent amplifier les effets de nausée et de vertige de l’alcool. Les stimulants (la cocaïne, le crystal meth, la caféine, etc.) peuvent pour leur part camoufler l’effet de somnolensce de l’alcool et ainsi donner l’impression d’être moins affecté par notre consommation. Connaitre les différents effets des substances que nous consommons ainsi que leurs interactions peut nous aider à mieux gérer une polyconsommation.
Réduire ses risques
Pour réduire les risques liés à la consommation, il est recommandé de consommer avec modération, surtout lorsqu’il s’agit d’une nouvelle substance jamais consommée auparavant. Il est aussi possible de faire tester ses drogues par un service d’analyse pour s’assurer qu’elles n’ont pas été mélangées avec une substance plus puissante, comme le fentanyl. Il est important de se rappeler que, peu importe la substance consommée, il n'existe pas de risque zéro associé à la consommation de substances psychoactives.
Références
Centre intégré universitaire de santé et des services sociaux du Centre du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal (2024). Conseil et prévention – Surdose d’opioïdes ou de stimulants. https://ciusss-centresudmtl.gouv.qc.ca/conseils-et-prevention/conseils-et-prevention-surdose-dopioides-ou-de-stimulants
Collectif. Drogues : Savoir plus, risquer moins. Le livre d'informations. Centre québécois de lutte aux dépendances.
Léonard, L. et Ben Amar, M. (2002). Les psychotropes : pharmacologie et toxicomanie. La Presse de l'Université de Montréal.
National Institute on Alcohol Abuse and Alcoholism (2021). Connaître les dangers liés à la surdose d’Alcool. National Institute of Health. https://www.niaaa.nih.gov/sites/default/files/publications/Alcohol_overdose_French.pdf